rectification
Dans le texte précedent je me suis trompé: à la place d'Auguste Conte mettre Michel Henry
Voilà.
Dans le texte précedent je me suis trompé: à la place d'Auguste Conte mettre Michel Henry
Voilà.
Plus je taff de la philo plus j'ai le sentiment étrange que c'est stimulant, structurant, cette tension complexe à vivre entre ce que ces grands messieurs, du moins présentés comme tels, ont dit et écrit, et ce que j'ai envie de dire, plus douloureusement encore, ce que je vis. Non pas que j'ai une vie douloureuse, bien au contraire, mais juste que plus ça va, plus la moindre chose devient sujet de questionnement plus ma conscience de tout comme illusion devient aiguë. J'ai cette drôle d'impression qu'au fur et mesure que l'on comprend les choses, on ne les vit plus vraiment, qu'on défait, perce, violente, tache, et toute autre action qui s'apparente à un mouvement de déconstruction ou d'altération, tout ce tissu de naïveté que notre enfance brode gentiment entre nous, vous, moi, n'importe qui qui a commencé par savoir que le Père Noël n'existe pas, en passant par le moment où on lui apprend que quelques décennies avant d'être là un moustachu a brûlé des gens par millions (pour faire dans l'historiquement pas précis), et la vie.
Arrêtez tout, la vie n'est rien! Sujet de mon cours de philosophie cette année: le monde. Figurez vous que tout ce qui nous fait, que l'on croît être cette proximité immense, indestrcutible avec les autres, avec la nature, le contact de ma lèvre avec la lèvre particulière, celle qui me fait me dire que rien n'est plus vrai que la vie, tout n'est ontologiquement absolumen rien. Je relis ce dernier morceau de phrase, et j'hurle en moi qu'il est temps que j'aille me prendre la plus phénoménale cuite de mon existence. Rendez vous compte, tout n'est rien; nous sommes par la perception, la pensée, la conscience, pire que toutes l'imagination, toutes dans le même sac indifféremment, dans un décalage par rapport au véritable lien, du moins ce qui est prétendu comme tel, avec le monde.
Artificiers de tout ce bombardement intérieur, tous mis en bataille les uns avec les autres: Platon, Aristote, les Stoïciens, au premier rang desquels Epictète, Cicéron, Sénèque, Hegel, Heidegger, Sartre, Valéry, Merlau-Ponty et Auguste Conte, pour autant que je me souvienne.
Tout ce beau monde, dans un conflit d'un genre tout particulier, sans coups ni armes, se renvoie la balle.
Pour Conte, tout ce qui nous donne l'impression d'être n'est que pure aliénation, je ne vois pas, je ne touche rien, la plus infime pensée ou imagination, le simple fait de me savoir, d'avoir conscience, m'empêchent d'être pleinement au monde.
Résumons (très mal j'en suis sûr, en ignorant de ce que ces gens disent véritablement): le philosophe, personne éminemment intilligente, en d'autres termes ceux qui ont développé à l'extrême ce qui les éloigne de toutes choses vivantes, de l'activité des hommes dans le monde, ont pour conclusion de dire que la véritable vie, dans une proximité indicible avec elle, que rien ne sépare d'elle même, ni ce que je vois, ni aucune pensée, aucune imagination, penser ce qui n'est pas présent, ni la conscience, cette distance qui par le fait de me savoir moi même m'empêche de l'être complètement, la véritable vie est l'inconscience ou la mort. Merci mille fois!
Un certain M., pas méchant d'ailleurs, au moment où un supporter, appelons-le comme ça, s'est fait tuer par un policier en civil qui essayait de défendre un supporter du camp adverse. Un mec d'origine juive et café au lait sur lequel se ruent une centaine de mecs nationalement reconnus pour leur ouverture d'esprit, un flic qui se trouvait là entreprend de le protéger ; rien de plus normal. Le flic prend peur, rien de plus normal, il tire et un jeune garçon d'une vingtaine d'années se fait tuer.
Propos rapportés :
« 'tain mes ces mecs-là on devrait les euthanasier, c'est pire que tout, c'est vraiment des boîtes vides ! » Moi en train de m'habiller pour partir, manteau sur les épaules, je me dis qu'il faut bien répondre quelque chose à une pareille ineptie.
« tu te trends compte un peu de ce que tu dis, les discours aussi radicales, ça ne rime à rien. En parlant comme ça, tu es l'abruti de supporter qui insulte un mec de sale juif, tu es tous ces gens qui passent leur temps à s'insurger du comportement des autres sans se rendre compte qu'ils en sont les moteurs au quotidien ! »
La discussion s'éternise, je crève de fatigue, je sens que quoi que je dise sa position n'évoluera pas d'un pouce ; l'incapacité que j'ai à dire l'absurdité, la méchanceté, l'atterrant de ces propos, ce caractère rétrograde et ignoble qui voudrait que des hommes qui se comportent comme de la merde soient éradiqués comme des merdes, égale l'abrutissement duquel je le sens incapable de s'arracher à court ou plus ou long terme. Après coup, ce que j'ai trouvé de mieux pour résumer mon sentiment face à son attitude : par un tel discours, une telle manière de juger les autres, leurs déviances, on pourrait penser qu'on devrait lui appliquer ses propres sentences --- seul illogisme, en disant cela, on ferait bien de me les appliquer à moi aussi.
Mon amoureuse est à côté de moi, elle dort. Elle est fatiguée, elle se repose dans une position fœtale, une couverture nonchalamment posée sur elle, suffisamment pour qu'elle la couvre, mais pas assez pour la cacher toute entière ; elle est couverte sans l'être. Elle est jolie ; une beauté que moi seul peut voir, conséquence du temps que je passe avec elle, de chacun de mes regards qui vient se poser sur elle, dans ses yeux, de tous les mots échangés, tous ces petits rien, parmi tant d'autres choses insignifiantes, qui font un immense tout, consistant, évident. Elle continue à dormir, je continue à l'aimer, plus et plus encore.
J'ai remarqué que sur des travaux similaires de réfection de bâtiment, les échafaudages mobiles utilisés sont, à la fin de la journée de travail, laissés très tranquillement au sol dans un quartier résidentiel moyen, alors que dans une cité ils sont précautionneusement harnachés au sommet de la tour ; il y aurai-t-il entre ces deux bâtiments plus que huit voies ferrées ?
On voit de tout ces temps-ci à la télévision, mais en définitive on n'y fait rien de bien intéressant. J'ai beaucoup regardé la télévision. A l'heure dans faire le commentaire, après l'avoir tant regardée, je me dis qu'elle vaut quand même le détour, un petit détour, pas celui de mon enfance où elle était mon seul tour, après coup, malheureusement. Elle n'est pas qualifiable, c'est là sûrement et sa plus grande qualité, la diversité, y en a pour tout le monde en somme, et son défaut majeur, elle ne se regroupe autour d'aucune unité ; elle est tout et rien à la fois, trop souvent rien d'ailleurs. Divertissements, films, documentaires, la télé-réalité, débats, talk-show, informations, et la liste ne s'arrête que pour ceux qui veulent bien y mettre un terme. Nombreux sont ceux qui ne pensent que télé, scotcher des heures durant devant ce que d'autres ont préparés pour eux ; je ne fais absolument aucune critique, chacun fait ce que bon lui semble, et je ne parle absolument pas d'un point de vu qui se prétendrait supérieur, j'essaye de comprendre. La télévision est faite par des gens qui la regardent, elle s'exprime selon ses parts de marché, se conçoit en fonction de ce que les annonceurs souhaitent, ou ce pour quoi il serait près à payer le plus chère ; la télé c'est d'abord l'argent qu'elle génère. Dans tout ça le téléspectateur se fait un programme, véritablement la télé formate, il s'installe, zappe de chaîne en chaîne, un bonne émission, le temps passe et tout se poursuit de la même manière, la télé continue à ramollir ceux qui la regardent. Selon moi, regarder la télé, c'est bouffer ce que d'autres ont trop mal pré mâcher, se gaver d'une bouillie amère et trop souvent fadasse. Mais quand même, qu'est ce que c'est bon des fois d'être sous perfusion, juste ouvrir les yeux et avaler gracieusement ce que l'on nous propose ; la télé, c'est sûrement la forme actuelle la plus aboutie de la simplification.
Un jour que je tourne le regard, que vois-je, une beauté. C'est toujours assez spectaculaire intérieurement de rencontrer quelqu'un qui plait, elle est belle, comme c'est pas permis de l'être, une élégance naturelle, pas de sur façon, elle est belle par sa simple beauté...Je me dis qu'il faut lui dire, il faut toujours le dire, c'est mieux ; alors je lui dis, et la comble de la flatterie, c'est réciproque, je suis « un garçon charmant », ça y est je m'envole. Mais comme toujours, tout est si imparfait, elle est prise. Je ne suis absolument pas triste, le simple fait de savoir que je lui plait me ravi au plus haut point, comme si par ces quelques mots, j'avais déjà eu tout ce que je pouvais attendre d'elle, elle n'est peut-être qu'un simple compliment éphémère qui ravirait le temps d'une vie une superbe expression, la beauté. Elle veut sortir, moi aussi, elle veut m'aimer, moi aussi, elle veut être fidèle, moi aussi, mais elle envers son amoureux, moi envers mes idées. Elle n'est qu'un regard, une image qui sort de son image, qui est plus qu'une image, des couleurs, des sensations, un délire, une folie instantanée, un quelque chose que l'on ne saurait qualifier, un tout qui ne dure pour moi que le temps d'un rien.
Les cités s'immolent. Une semaine que les coups sont de plus en plus violents et de plus en plus spectaculaires, les images sont les mêmes, des « cailleras » camouflés dans leur blouson à capuche, le crocodile autour de la taille et sur la tête, et tout ce beau monde qui profitent d'un drame et pour revendiquer et pour tout péter. La peine et le désarroi sont évidemment sincères, la honte d'être constamment une honte pour une grande partie de ses compatriotes, l'essoufflement à force de courir après un mieux sociale et financier, aussi bien individuel que collectif, que tout le monde leur refuse, moi y compris qui vous parle, par ma seul appartenance au système tel qu'il est: la machine à tout prendre et à tout donner. C'est dans ce genre de situation que l'on voit à quel point l'appareil politique, le gouvernement, dans sa forme la plus abouti en France, la Vème république, n'a aucun moyen d'aide à la société. Au-delà de ses institutions, que l'on ne peut pas toutes nommer, tels que l'hôpital et la prison, la politique et les hommes qui aiment à la faire sont désespérément impuissants devant une société d'individus, qui crient, hurlent, pleurent, se lamentent, se déchirent, s'apitoient toujours différemment, rien ne peut correspondre au modèle proposé par l'Etat. Notre bon Nicolas se croit supérieur en se targuant d'une suractivité de roquet qui mord les bas de pantalons, mon chers par pitié arrêtez de penser en vous rasant, ce ne sont là que des fadaises bien trop rêveuses ! A la violence, l'autorité répond la seule chose qui lui est possible de répondre, « la loi sera appliquée partout ». Le vide entre dirigeants et dirigés est abyssal, les uns ont pour guide les textes et toujours les textes, la nécessité les habite de les faire continuellement plus longs et plus obscurs, pour répondre aux problèmes incessamment renouvelés des autres ; les autres, si on leur demande leur avis, se font écraser à chaque fois, par des lois qui se veulent de plus en plus adapter au cas particulier. Mais pendant ce temps-là, il y a toujours des mecs qui sont dehors et, qui faute de mieux, vont aller allumer des feux, non pas de joie ni de conscience, mais d'interrogations ; on pourrait contester que c'est crétin, certains de ces garçons le sont sans doute, en cassant juste pour casser, mais il n'empêche que, et c'est bien rare en France, tout le monde a bien compris le même message.
S'il y avait des mots pour décrire l'indescriptible, il faudrait les utiliser absolument pour parler de fêtes de Bayonne. C'est un moment à vivre ; à raconter je ne sais pas ce que ça peut bien donner. Le décor : 5 jours au début du mois d'août, sud du pays basque, une chaleur bien vive et présente, et toute une jeunesse à vide de faire la fête. Pour qu'il n'y ait pas de confusion, je vous le dis d'entrer, et je cautionne en plus, la fête à nos âges c'est un bon défouloir, quelque chose de hautement jouissif, où tous les moyens pour se mettre hors de soi sont les bienvenus...je vous laisse imaginer. Tout de blanc et de rouge et vêtus, mes amis et moi nous en allons par les routes, les sourires sont les plus fleuris de l'année, aucune contrainte à l'horizon, c'est bon on peut y aller à fond, il n'y aura pas de conséquences ! Les bouteilles se succèdent dans mes mains, les alcools dans mon ventre et mon esprit, la vision se trouble, les rires de plus en plus joyeux, bientôt idiots, les pommettes rôties, les traits tirées, la vie est comme la vie nous l'interdit trop souvent de la vivre. La lumière est orangée, on court partout, je cherche les deux potes avec qui je suis, je ne les trouve pas---autour de moi, des gens défigurés, ils n'ont plus le caractère humain, certains pas biens, par terre, joyeux mais pâlots, d'autres qui courent, qui crient, qui rigolent à outrance, on boit nonchalamment dans tous les sens, tout le monde est inhabituellement gentil et aimable...une impression : tout cet équilibre ne tient qu'à un fil, un verre de plus pour tout le monde et on va commencer à se foutre sur la gueule, tient à ma gauche deux ivrognes, et voilà l'un des deux se prend un coup de tête --- je les vois au loin, ils ont une nouvelle bouteille à la main, des gens inconnus autour d'eux, je m'approche, sans rien comprendre je me retrouve avec un goulot au bec, je prend deux gorgées, je ne sais pas ce que sait, je ne sais pas qui me l'a fait boire, mais je dis merci et je continue ma route, mes deux copains enfin rejoint. La joie est intense, en bloc, complètement brut, on est jamais fatigués, bourrés comme des culs de pelle ; à l'heure de rentrer, les sentiments sont partagés, je dois me reposer on recommence demain soir, c'était quand même vachement bien. Fin de matinée, je me lève, des sensations bizarres en tête, un pote qui lui ne rentre que maintenant, deux mots échangés, il va se coucher, je le suis, personne ne parle, tout le monde est comme mort...quelques heures plus tard on recommence, on se tourne la tête, on en a bien besoin, ça tourne, ça tourne, ça tourne ! Dans tout ça, un sourire, une C., une vendeuse de sangria, belle comme un cœur, je lui dis que je suis son poète, je m'efforce de lui dire de belles choses, mais je suis complètement pété, ça vient quand même, elle sourit, je croît qu'elle aime, je souris à mon tour. On danse, je m'égosille pour faire marcher son stand, « allez le petit Bayonne, il est charmant, il est galant, il est marrant, allez on a soif, toujours plus soif », on s'enivre, on danse encore, chacun de nous sait qu'il attire l'autre, je m'avance un peu... ça y est nos lèvres s'effleurent, je me perd dans ses yeux, l'alcool donne à chaque sensation une impression d'abyme, on s'embrasse, sa douceur est sans fond. Les fêtes prennent fin, le sentiment est amer, on voudrait tous que ça dure indéfiniment, on se rend sûrement bien compte que ce n'est pas possible, mais on ne veut pas y penser. Je la regarde s'en aller, je ne la reverrais pas, elle est belle et en même temps tellement éphémère pour moi, elle sera à jamais le souvenir d'une valse rythmée par la joie. Bayonne se referme, la ville pue, les bouteilles jonchent le sol, malgré tout la joie a été belle... et puis de toute façon on recommence l'année prochaine.
Voyons voir, je suis né un jour de janvier 1987, de bonne famille et de bonne éducation, toute ma jeune vie très déçu de mes relation avec mon père, mutisme constant et immuable, je hais cette aspect renfermé et puant de ma vie, trop destructeur. Ce papa, dépressif et certainement malheureux lui aussi, de je ne sais quoi, il ne parle jamais, ne regarde jamais, comme privé du sentiment, l'incapacité à éprouver ; ne soyer pas triste, je ne le suis pas, et ne l'est jamais sérieusement été. Il m'aime, j'aime à le penser (je n'en sais strictement rien). Je me suis toujours dis que coucher sur le papier ce que je pense de lui serait sûrement la meilleur solution, je l'avait fais à plusieurs occasions mais je n'ai jamais eu le courage de lui faire parvenir. Ah oui ! Je ne vous ai pas dis, mon père me paralyse, triste constat que je n'arrive pas à surmonter. Moi habituellement rigolard et heureux de la vie au contact pas trop difficile, je n'arrive pas à aligner plus d'une ou deux phrases à mon papa, c'est quand même terriblement paradoxale que je sois le produit direct de sa bite, et que lui et moi soyons incapables de se connaître autrement qu'à travers les tensions de nos rarissimes entrevues. Je suis on ne peut plus sérieux, suivez moi, comment est ce possible, bien que nerveusement malade, de ne pas vouloir connaître ce que l'on a créé. En plus ce schéma s'est répété avec mon frère et ma sœur, enfin bon rien de plus normal, la connerie excelle dans sa continuité. Cette état de fait se traduit par mon manque d'habilité dans les relations que j'entretien avec tous les membres de ma famille, comment vous dire, ce n'est pas que je ne les aime pas, bien au contraire, j'ai besoin d'eux, mais mon père a toujours été dans nos relations une pelleteuse immonde et indicible. A la moindre occasion où une alchimie entre ma mère, ma sœur, mon frère et moi semblait se créer, il débarquait pour faire chier ! J'en ai gardé certains souvenirs douloureux : un noël de je ne sais plus quel année, j'étais encore assez jeune, ma mère avait organisé un petit repas pour rassembler la famille décousue, pour une fois que c'était possible ; tout le monde était excité, moi tout particulièrement, à l'idée des cadeaux qui m'attendaient le lendemain matin. Je ne saurai vous expliquer la sensation qui m'envahit pendant toute la nuit, en entendant mon père hurler sur ma mère, parce qu'une fois de plus elle n'avait rien fait, sauf aimer sa famille et le montrer ! J'aime ma mère, c'est elle et elle seule qui a fait ce que je suis maintenant ; peut-être injuste ? Je m'en fous, moi et Dieu nous sommes irrémédiablement fâchés. Enfin tout ça pour vous dire que je ne comprend pas mon père, que ma famille a toujours été une énigme, bien que sans reproche au niveau du confort matériel qu'elle m'a apportée, elle m'a, je le crois, lourdement déstabilisé. Une sorte d'ensemble doux et froid à la fois, ou quelque chose dans ce genre !